« Porte-ton club en toi, pour de vrai »: le C.A Tigre veut implanter une puce à ses supporters

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A première vue, on peut penser à une blague mais le C.A Tigre compte bien être le premier club au monde à pucer ses supporters pour qu’ils puissent accéder au Stade José Dellagiovanna de Victoria, dans la banlieue de Buenos Aires. Le dispositif se présente sous la forme d’une petite puce RFID qui serait placée sous la peau, au niveau de l’avant-bras ou de l’épaule, du supporter. C’est via le compte twitter officiel du club que le département marketting du C.A Tigre a annoncé, ce 25 avril, le lancement de ce projet pilote nommé « Ticket Pasión », recourrant à la biométrie pour garantir l’accès aux gradins.

rfidtigreLe biopouvoir à l’oeuvre. L’information a vite été relayée par divers sites hispanophones, dont wanderersfutbol.com d’où nous la reprenons et qui cite le communiqué officiel du club argentin:

Par le biais d’une puce, comportant toutes les données du socio, implantée dans le corps, le supporter pourra accéder au stade simplement en approchant son corps de la borne électronique de l’entrée. Celle-ci examinera les données de la puce, et si le socio est à jour de paiement, le moulinet de sécurité s’ouvrira immédiatement en direction du secteur correspondant”, dit le communiqué officiel de l’institution Tigre, intitulé “Porte ton club en toi, pour de vrai”.

Ahora, podés llevar a tu club adentro…De verdad ! pic.twitter.com/ojfAt1jZrq

— Club Atlético Tigre (@catigreoficial) April 25, 2016

La puce en question, de la taille d’un grain de riz, contiendra divers types de données. Outre la somme contenue dans son prote-monnaie virtuel, les bornes pourront examiner dans un temps record et aviser les agents de sécurité si le supporter a des antécédents de violence. L’implantation de ces puces est aussi un moyen pour les directions des clubs de faire la guerre aux supporters les plus actifs, voire violents, et de « pacifier » les stades.

Une initiative sécuritaire avant tout. Depuis l’annonce spectaculaire de cette initiative le 25 avril 2016, l’information est relayée de façon pour le moins a-critique. Ça et là on peut lire qu’il s’agit d’un projet «inédit», «insolite», voire même «révolutionnaire» qui fait du CA Tigre le premier club au monde à mettre sur pied cette inovation technologique en matière de billeterie. Nous passons sur les journaux qui usent de l’encre à saluer ce premier pied mis par le football argentin dans le monde du 2.0. Le but affiché, même avec tous les enrobages possibles, est bien sécuritaire. La finalité de ce projet est le fichage des « hinchas » (supporters en Amérique du Sud). Même si le caractère expérimental est mis en avant, une étape de plus est en train d’être franchie dans l’usage du stade à la fois comme laboratoire répressif, dans l’optique d’en faire au maximum une enceinte commerciale ultra-sécurisée.

Le ver est dans le fruit. Le pôle marketting du club promeut son délire en offrant aux supporters qui accepteront de se plier au puçage, certains « avantages exclusifs ». Très vite après cette annonce du club de Victoria, la Dirección Nacional de Protección de Datos Personales (PDP), sorte d’équivalent de la CNIL en France, a demandé au CA Tigre des précisions pour vérifier si cette initiative «respectait les règles en matière de protection des données personnelles». Démarche de routine. On sait combien les recommandations en la matière sont  légères et flexibles au nom du dogme de «la sécurité». De son côté, le club assure que cela permettra un contrôle beaucoup plus fiable des accès, et plus de fluidité. Doit-on comprendre que tout le monde à y gagner? Les services de communication du club poussent même le vice à jouer sur la fibre de la passion, en témoignent les slogans de la campagne, et sur l’image d’avoir son club « dans la peau »… au point de se faire vulgairement pucer. Le dirigeant Ezequiel Rocino donnant même l’exemple en figurant parmi les premiers à s’en faire implanter une. En tous cas, on peine à croire que les supporters se laisseront acheter aussi facilement pour finalement vivre leur passion accrochés à cette laisse invisible. C’est une affaire à suivre, mais le ver est dans le fruit.

ticket passion tigre

Une réflexion au sujet de « « Porte-ton club en toi, pour de vrai »: le C.A Tigre veut implanter une puce à ses supporters »

  1. […] * 3/ Zèle sécuritaire et répressif. A partir du milieu des années 80, l’Angleterre va enchaîner les lois visant à pacifier les stades, comme celle interdisant la consommation d’alcool, ou celle créant de nouveaux délits spécifiques au stade (comme l’envahissement du terrain par exemple). On peut même dire que depuis le drame du Heysel en 1985, les stades des premières divisions du Big 5 européen (Angleterre, Espagne, Allemagne, Italie et France) se sont transformés, au gré des avancées technologiques, en véritables laboratoires de la répression: création de polices spéciales « anti-hooligans », extension des mesures répressives aux abords des stades, multiplication des interdictions de stades (IDS) avec obligation de pointer au commissariat les jours de matchs, généralisation de la vidéosurveillance. Tout est fait pour qu’aucun millimètre n’échappe à la surveillance. Là encore la retransmission des matchs nécessite que les instances gouvernantes du football (Fédérations et Ligues) oeuvrent à « assagir » les tribunes. Bien sûr l’architecture d’un stade remplit en grande partie la fonction dite « panoptique » de répression. Mais celle-ci est optimisée par la collaboration étroite entre les services sécurité des clubs et la police présente sur place et prête à intervenir. Il fut aussi un temps évoqué l’idée de contrôle d’identité à l’entrée mais cela s’était avèré trop compliqué à gérer par rapport aux bouchons et risque de poussées qu’une telle mesure provoquerait. Mais un club sud-américains a peut-être trouvé la parade qui permettrait à la fois de ficher les supporters sans que ça ne provoque de bouchons à l’entrée du stade: le C.A Tigre en Argentine vient en effet de lancer une campagne de pose d’implants RFID à ses supporters. […]

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