Catenaccio: une métaphore de la résistance

Retrouvez-nous sur Dialectik Football

Petite histoire du catenaccio – Partie 2.

« Le catenaccio est né en Vénétie, la terre que les gens, dans les années 50, étaient obligés de quitter pour émigrer, parce qu’ils n’avaient pas à manger : c’étaient les grandes migrations des maçons ou des vendeurs de glaces vers la Belgique, la Suisse, la ligne du Rhin. Le catenaccio correspond à la nature de ces régions du Nord, d’émigrants forts, durs, méchants, parce qu’ils avaient faim. » Toni Negri, dans une interview donnée à Libération en 2006

Looking for Gianni Brera

1585409-giannibreraL’expérience des Partisans italiens. Comme on l’a vu dans la première partie de cette Petite histoire sociale, le catenaccio n’a pas un inventeur. Il est le produit d’expérimentations tactiques qui se sont enrichies au fil de l’histoire. Si en ce sens on peut lui attribuer une sorte de « paternité collégiale »1, son analyse politique, elle, doit beaucoup à Gianni Brera.

Ni joueur ni coach, Gianni Brera n’en sentait pas avec moins d’acuité le parfum des terrains gazonnés et surtout n’en maîtrisait pas moins les « lois du sport ». C’était un journaliste sportif et un écrivain reconnu2, mais aussi une plume sincèrement engagée à gauche, avec toute la charge historique que contient le socialisme italien, notamment par sa tradition antifasciste. Comme écrit plus haut, c’est en tant que théoricien que Gianni Brera intervient dans cette histoire du catenaccio. Il a grandement contribué à le populariser et il en a aussi inventé le nom. Certes en traduisant en italien le « verrou » de Karl Rappan, mais c’est aujourd’hui du catenaccio dont on se rappelle, ou qu’on mentionne parfois à tord et à travers, pour évoquer le jeu d’équipes défensives.

Son parcours personnel ainsi que son engagement socialiste vont façonner son analyse du catenaccio comme un système défensif inacarnant en filigrane les valeurs de la classe ouvrière et de la petite paysannerie en lutte quotidienne pour leur survie. Très peu d’écrits de Gianni Brera ont été traduits en français. Hormis une page wikipedia assez courte et quelques mentions dans des articles ou interviews, on sait finalement peu de choses de ce personnage. De Brera, le principal héritage littéraire parvenu au lecteur français sont ses inventions de termes comme « libero » ou « goleador » devenus universels au point qu’on n’est rarement au courant qu’on les lui doit.

Gianni Brera est un lombard attaché à ses racines. Ce qui, dans une Italie globalement scindée en deux par un clivage social entre le nord et le sud – entraînant haine, mépris et rejet des gens du nord, industriel et économiquement plus riche, envers ceux d’un sud plus pauvre – peut paraître ambigu et prêter à interprétation3. A propos de son enfance il écrivit: « je crûs sauvage ou presque, parmi les bois, les rives et les francs-bords(…). Je suis padain de rive et de plaine, de bois et de sables. Je me suis découvert fils légitime du Pô. » C’est de ce nord là de l’Italie que Brera se revendique originaire et à cette paysannerie lombarde qu’il se sent attaché. Un nord de l’Italie que beaucoup de pauvres ont quitté pour aller chercher du travail dans des pays voisins. Mais aussi ce nord dont les usines – dans lesquelles beaucoup de jeunes prolétaires, qui avaient migré de leur sud natal, pour s’y faire exploiter – ont été au coeur de la grande période d’insubordinaton ouvrière qui a courru des années 60 à la fin des années 70. Des grèves, des occupations, des séquestrations de patrons, des auto-réductions, des comités de quartier souvent impulsés par des groupes issus de l’opéraisme4.

Les métaphores guerrières ne manquent pas pour lester le sport en général, et le football en particulier, d’enjeux qu’il concentre, économiques comme nationalistes. Mais c’est ainsi, le football se joue sur une surface close, délimitée en deux camps adverses dont la meilleure occupation détermine en partie le résultat. Et de la tactique du catenaccio à la « guerre de positions » il n’y a qu’un pas. Même si ce pas peut prendre l’allure d’une discussion improbable entre Brera et Clausewitz.

En 1943, Gianni Brera a 24 ans. Jeune diplômé de sciences politiques, il est en même temps rattaché à un régiment de parachutiste de l’armée italienne qui, comme chacun sait, est alors engagée aux côtés de l’Allemagne nazi. Alors que la dictature fasciste de Mussolini touche à sa fin5, Brera rejoind le camp des antifascistes. On s’accordera tous pour trouver cela bien tardif. La Gestapo, qui mène alors la chasse aux résistants dans cette partie du nord de l’Italie occupée et contrôlée par l’armée allemande, est à ses trousses, comme à celles de milliers d’autres partisans. Gianni Brera s’éxile un temps, puis rejoind la résistance active dans le maquis de la Vallée d’Ossola, rattaché à une de ces nombreuses Republicche partigiane6.

La fin précipitée de la République Partisane d’Ossola suite à une contre-offensive fasciste menée avec environ 5000 soldats, amène probablement Gianni Brera à tirer quelques enseignements solides. On ne vient pas à bout d’une armée équipée d’artillerie lourde avec quelques pétoires. On peut par contre se replier et élaborer un plan pour surprendre l’ennemi, voire l’attirer dans un piège. Et ce déséquilibre initial des forces ne présage pas de l’issue du conflit. L’analyse qu’il fera plus tard du catenaccio est sans conteste influencée par ce passé partisan et cette expérience de la résistance.

Les métaphores guerrières ne manquent pas pour lester le sport en général, et le football en particulier, d’enjeux qu’il concentre, économiques comme nationalistes. Mais c’est ainsi, le football se joue sur une surface close, délimitée en deux camps adverses dont la meilleure occupation détermine en partie le résultat. Et de la tactique du catenaccio à la « guerre de positions » il n’y a qu’un pas. Même si ce pas peut prendre l’allure d’une discussion improbable entre Brera et Clausewitz (1780-1831).

Fortifier sa base comme on creuse une tranchée

« Qu’est-ce que le concept de défense ? parer un choc. Quelle en est la caractéristique? L’attente de ce choc. » Carl von Clausewitz, De la guerre.

babyfootdéfDu côté de ceux qui ont quelque chose à défendre. On peut dire qu’avant cette évolution « bourgeoise », dont on parle dans la première partie, le modèle du catenaccio est un système taillé pour une équipe qui a le profil pour subir la domination adverse. Un système de jeu en forme d’instrument de lutte pour les droits des « faibles », une organisation faite pour résister et ne pas se livrer. On retrouve dans le catenaccio originel ce parallèle belliqueux qui renvoie à la résistance d’un groupe ou d’un territoire assiégé – dont le village gaulois ou l’emblème Stalingrad sont les images d’Epinal. Cette configuration requiert avant tout intelligence collective et solidarité pour ne pas céder sous les coups de boutoirs d’un adversaire plus puissant et mieux armé. Transposé au rectangle vert, on y pense les situations de jeu en position d’opprimés et d’agressés – et en aucun cas en victime – comme quand on dresse une barricade.

On peut reprendre les exemples de l’équipe nationale suisse de Karl Rappan, la Salernitana de Gipo Viani (vianema) ou bien sûr les Triestina et Padoue de Nereo Rocco. Tous savaient leurs effectifs inférieurs sur le papier. Tous ont réfléchi à comment résister aux assauts prévisibles de leurs adversaires. Tous ont élaboré une stratégie à même déjouer la loi de la supériorité. Tous ont compris qu’il fallait pour cela révolutionner l’organisation de la défense en la renforçant d’un joueur, en la faisant jouer bas et en mettant en place un marquage individuel stricte. Ainsi les espaces laissés aux attaquants adverses, même les plus agiles ou rapides, étaient sérieusement restreints. Trois – chez Rappan – ou quatre défenseurs devant un libero, se présentaient au devant de ces attaquants comme deux rangées de tranchées à franchir. L’idée, c’est qu’on sait qu’on va être attaqué; il s’agit au maximum de rendre ces attaques inefficaces, les saboter en quelques sortes.

Ces expériences successives avaient achevé de perfectionner l’assise défensive sur laquelle allait reposer n’importe quel catenaccio qui suivra dans l’histoire. Sans pour autant vendre de recette magique promettant de n’encaisser aucun but, on va chercher à retarder le plus longtemps possible l’échéance.

Sans individualités au-dessus du lot, les équipes défensives ont cette possibilité de miser sur la force collective se dégageant d’un bloc compact, où les joueurs sont aptes à faire corps et à souffrir, à la fois ensemble, mais aussi les uns pour les autres. Dans le football moderne, où le catenaccio n’existe plus, ce cas de figure ne se présente plus en général que quand une équipe joue en infériorité numérique, la plupart du temps après l’exclusion d’un joueur.

Le catenaccio pourrait tout aussi bien être une métaphore de la grève par sa volonté de blocage et de sabotage de la production de jeu de l’adversaire, dans une optique de défense du peu qu’on a: le 0 à 0. Cette situation ne signifie pas qu’il n’y a rien à gagner, c’est une prise de mesure d’un rapport de force globalement défavorable au départ.

Dans la guerre de classe. Mais si on cherche un parallèle au catenaccio, on préfèrera piocher dans la lutte des classes et retourner aux racines du piquet de grève dont l’objectif est le blocage de la production. En conjuguant l’arrêt du travail à l’obstruction physique aux briseurs de grève (les « jaunes »), les grévistes engagent un rapport de force. Bien souvent parce qu’ils ont quelque chose à défendre: des droits, des acquis, leur boulot ou encore leur usine. Bref, ce quelque chose qui leur permet de remplir la gamelle pour survivre. Ce quelque chose constamment attaqué par la classe capitaliste. Dans le cas du catenaccio, la dialectique entre l’attaque et la défense repose sur la même forme de contradiction. D’autant qu’on l’a vu, la défense est plutôt « l’apanage des moins riches ». Le catenaccio pourrait tout aussi bien être une métaphore de la grève par sa volonté de blocage et de sabotage de la production de jeu de l’adversaire, dans une optique de défense du peu qu’on a: le 0 à 0. Cette situation ne signifie pas qu’il n’y a rien à gagner, c’est une prise de mesure d’un rapport de force globalement défavorable au départ7. Dans le sens où ce qu’on a à défendre c’est avant toute chose de ne pas perdre plus. Cela entraîne certains observateurs à fustiger le catenaccio comme un système conservateur, ou manquant de projection avanturière…

Malgré la légende et tous les mythes qui entourent le football italien et le présentent comme ayant été depuis toujours ultra-défensif, les équipes ayant porté les valeurs du catenaccio ne sont pas nombreuses. Mais les mythes ont la peau dure. Pourtant, de la Squadra Azzura des années 30 (l’équipe nationale italienne dirigée alors par Vittorio Pozzo) qui, sous la dictature fasciste de Mussolini, remportait deux Coupes du Monde d’affilée en 1934 et 1938 au Grande Torino de la fin des années 40, les grandes équipes italiennes de l’époque pratiquaient un jeu vraiment offensif. Cette équipe nationale emmenée par l’attaquant Giuseppe Meazza, fervent défenseur du régime fasciste, était une vitrine parfaite pour le régime de Mussolini. Elle symbolisait l’esprit conquérant de la dictature du Duce et les ambitions d’expansion de l’Empire colonial italien8.

Comment ne pas voir dans le catenaccio l’antithèse de cette vision de conquête? En terme tactique d’une part, sa disposition sur le terrain a pour sens de défendre ses bases en priorité, et de ne surtout pas de se jeter à l’abordage. L’histoire de la résistance italienne s’est aussi écrite dans ces nombreux maquis du nord de l’Italie. Là où les partisans regroupés préparaient dans l’ombre leurs attaques, dont beaucoup de sabotages, à même de porter de sérieux coups à l’ennemi, à son moral comme à son organisation.

L’art de la contre-attaque: défendre pour gagner

« […] la séquence naturelle à la guerre est de commencer par la défensive et de finir par l’offensive.«  Carl von Clausewitz, De la guerre.

« Aussi Clausewitz prend-il soin de préciser que la défense n’est pas un bouclier : défendre c’est s’abriter derrière son bouclier, mais en étant capable d’en user pour frapper, voire de camoufler une épée. »  Les deux pieds décollés, Le Catenaccio (2ème partie)

Parole à la défense. Entre autres arguments en faveur du catenaccio, Gianni Brera le justifie comme une faculté d’adaptation dans une position d’infériorité physique. Brera part du postulat que les italiens sont « un peuple de maigrichons mal-nourris incapables de concourir à armes égales avec les gros gabarits des gars du Nord ». L’idée, au-delà de se lamenter sur de prétendues carences génétiques, est de faire de ses faiblesses des forces. Le catenaccio permet à l’équipe qui le pratique d’économiser de l’énergie. La puissance physique des équipes construites pour attaquer très fort et mettre une grosse intensité dans le but de faire céder rapidement son adversaire tient rarement l’intégralité d’un match. Des coups de mou interviennent nécessairement, en forme de recherche du « second souffle » ou tout simplement dus à la fatigue.

Les années 60 sont marquées par l’optimisation offensive du catenaccio. Cette forme d’ « appropriation bourgeoise » repose d’un point de vue pratique sur une application footballistique des préceptes de la « guerre de positions ». On n’est plus assiégé par un adversaire, on l’attend au nom d’une stratégie, pour le contrer. L’assise défensive est toujours là, mais en plus la contre-attaque a été préparée et planifiée. La moindre brèche dans la disposition de l’équipe adverse aura alors vocation à être exploitée. De cette évolution reste cette assimilation du football italien à l’idéologie de « l’efficacité » et de « la victoire à tous prix ». Sous entendu, le résultat final prime sur tout esthétisme ou « beau jeu ». Ce qui, soit dit en passant, fait le lit d’un reproche hypocrite, tant au plus haut niveau on nous répète à tue-tête que seule la victoire est belle.

san catenaccioLe catenaccio a aussi la particularité de s’envisager dans un temps délimité: un match ne dure en général pas plus de 90 minutes. Maintenant, à savoir si ce temps joue plutôt en faveur de la défense ou plutôt en faveur de l’attaque, on ne peut que répondre un bon vieux « ça dépend ». Une piste nous aiguille toutefois: il est à peu près acquis qu’on se fatigue plus à attaquer qu’à défendre. Brera, s’inspirant peut-être de Clausewitz, mettait d’ailleurs en avant cet avantage de la position défensive, qui permet de souffler et d’économiser son énergie, partant du principe que si on attend l’adversaire depuis sa base on effectue moins de déplacements. A l’inverse, l’attaque adverse, à se casser les dents sur une défense regroupée, prend le risque de s’y épuiser.

Les années 60 sont marquées par l’optimisation offensive du catenaccio. Cette forme d’ « appropriation bourgeoise » repose d’un point de vue pratique sur une application footballistique des préceptes de la « guerre de positions ». On n’est plus assiégé par un adversaire, on l’attend au nom d’une stratégie, pour le contrer. L’assise défensive est toujours là, mais en plus la contre-attaque a été préparée et planifiée. La moindre brèche dans la disposition de l’équipe adverse aura alors vocation à être exploitée. C’est une tactique mise en place pour gagner. De cette évolution, d’abord avec Alfredo Foni, puis bien sûr les deux Milan de Rocco et Herrera, reste cette assimilation du football italien à l’idéologie de « l’efficacité » et de « la victoire à tous prix ». Sous entendu, le résultat final prime sur tout esthétisme ou « beau jeu ». Ce qui, soit dit en passant, fait le lit d’un reproche hypocrite, tant au plus haut niveau on nous répète à tue-tête que seule la victoire est belle.

De la même manière, Clausewitz ne donne autant d’importance à la défense que dans une optique de victoire. L’avantage de la défense repose sur ce qu’il appelle « un avantage positionnel », en football il s’agit de sa moitié de terrain, et sur ce que cette position permet comme « attente ». Une attente qui n’est qu’une attente du moment où contre-attaquer. Une manière de prendre une équipe qui se jette vers l’avant à son propre piège. A titre de comparaison, le judo repose sur cette capacité à s’appuyer sur la force de poussée de l’adversaire, en l’attirant pour le désiquilibrer. Ce qu’on retrouve dans un autre manuel historique de référence en stratégie militaire: “Ainsi, celui qui est bon aux arts martiaux obtient la victoire sur les forces de l’adversaire sans combattre, il conquiert les villes adverses sans siège, il détruit les nations adverses sans délais” (Sun Tzu, L’Art de la guerre, VIe-Ve siècle avant le calendrier chrétien). Bien que ce ne soit pas aussi simple, chacun comprend l’idée.

Les années milanaises du catenaccio, en ont profondémment changé la mentalité et donc l’objectif. Elles ont été parmi les meilleures équipes européennes et mondiales, si ce n’est les meilleures des années 60. Quelques années auparavant, avec son titre de champion à la tête de l’Inter Milan en 1953, Alfredo Foni est celui qui a eu à affronter le plus de critiques sur son système de jeu, et particulièrement en Italie. Car la référence en matière de qualité de jeu restait un football offensif, et était encore incarné par le Grande Torino décimé à la fin de la saison 1949 dans l’accident d’avion de Superga. Cette équipe ultra-dominatrice pouvait mettre plus de 100 buts en une saison (125 en 1947-1948). Lors du Calcio de 1951, les trois premiers sont tous aussi, encore, à plus de 100 buts marqués. Quand l’Inter Milan remporte le championnat en 1953 (avec 46 buts marqués et 24 encaissés, soit moins de 2 buts marqués en moyenne par match), il s’agit d’une véritable rupture idéologique ainsi qu’un changement radical pour les tifosi. Comme on boucle une boucle, la victoire de la sélection nationale italienne d’Enzo Bearzot au Mundial 82 amènera le catenaccio (plus que le football italien), dans sa version « bourgeoise », au sommet du monde. Gianni Brera s’osa alors le canoniser en « San Catenaccio ».

*********************************

Notes:

1 Même si beaucoup de gratte-papiers se pompant les uns les autres annonent sur la toîle et ailleurs que l’inventeur du catenaccio est Helenio Herrera.

2 Il collabore à plusieurs journaux comme la célèbre Gazetta dello Sport ou encore Il Giorno, mais aussi à L’Equipe, dans les colonnes desquels il croquait aussi bien le football que le cyclisme. Un peu sur le modèle d’un Jean Bernier ou, avec un pofil politique bien différent, d’un Antoine Blondin.

3 Quelques détracteurs lui ont prêté ce type de position abjecte. De fait ce ne fut pas le cas et Gianni Brera s’en est par ailleurs souvent défendu. Sa forte amitié l’écrivain communiste sicilien Leonardo Sciascia ne le met, pour nous, pas au même niveau que le parti xénophobe de la Ligue du Nord.

4 Plus précisémment la période qu’on a appelé le « Mai rampant » de 1968 à 1977 (cette date marquant le début d’une autre période: celle de la militarisation de l’autonomie et l’émergence de plusieurs groupes de lutte armée). Vaste période caractérisée par la multiplication des conflits sociaux. La lutte des classes y a atteint un tel niveau que l’Etat italien s’est empressé de mettre au point un dispositif contre-insurrectionnel « adapté » et dont la marque de fabrique reste ce qui a été appelé « stratégie de la tension » qui visait notamment par le biais d’attentats téléguidés par les services secrets à isoler les franges les plus radicales du prolétariat italien en les leur attribuant (voir par exemple l’attentat de la Piazza Fontana). Cette stratégie s’est accompagnée d’une répression massive, avec les arrestations et les emprisonnemens de plusieurs milliers de militants révolutionnaires. (Bibliographie non exhaustive: Nous voulons tout de Nanni Ballestrini, Insurrection de Paolo Pozzi ou encore La Révolution et l’Etat d’Oreste Scalzone et Paolo Persichetti)

5 En 1943, Mussolini est destitué par le « Grand Conseil du fascisme » au profit d’un retour du roi. Il est arrêté par les carabinieri puis libéré par un commando de l’armée nazi. Il est alors placée à la tête d’une zone couvrant une partie du nord de l’Italie qui est passée sous contrôle et occupation allemands. Cette République Sociale italienne, aussi appelée République de Salò, repose sur la collaboration totale avec l’occupant nazi.

6 Cette République de Salò, n’échappe pas à la déroute mondiale de l’Axe. Progressivement de nombreux territoires sont libérés par les partisans et les occupants nazis en sont chassés. Ainsi fleurissent de nombreuses et éphémères Républiques partisanes, dont celle d’Ossola rejointe par Gianni Brera et qui a duré un peu plus d’un mois du 10 septembre au 23 octobre 1944.

7 Le moindre temps perdu ne l’est pas pour les deux équipes : le temps n’est perdu que pour celui qui voit son temps compté pour aller chercher quelque chose. Celui qui n’attend rien (d’autant qu’au foot, rien ce n’est pas rien : 0 – 0 c’est 1 point), est ravi de voir le ballon s’en aller dans les tribunes. » (Le Catenaccio (3ème partie), sur le blog Les deux pieds décollés). Dans cet article, l’essentiel de l’analyse stratégique fait appel à Clausewitz.

8 Cet empire colonial constitué dès la fin du XIXème siècle, avec l’occupation de l’Erythrée et d’une partie de la Somalie en 1889 puis de la Libye en 1911, a atteint son point de développement maximum en 1940, après la colonisation de l’Ethiopie en 1936 puis l’annexion de l’Albanie en 1939. Dans les faits l’Italie perdra le contrôle sur la quasi totalité de ses colonies dès 1943…

2 réflexions au sujet de « Catenaccio: une métaphore de la résistance »

Laisser un commentaire